Couleurs vernaculaires
Se re-lier à l’environnement par le génération de couleurs
Jodie Camus
Designeuse et artiste teinturière
Disciplines de recherche : Design et art textile, teinture végétale
Mots-clés : Fibres, chimie verte, féral, nuances, plantes, lignes de vie
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En retrouvant un temps synergique à l’échelle de la nature, je me réapproprie les lois de la teinture végétale en m’imposant un rituel lié aux conditions météorologiques.
La teinture végétale permet de raconter l’histoire d’un territoire par la plante et son sol. Elle est liée au métal, en particulier le fer. Le sulfate de fer (la rouille) est un des mordants de la teinture et permet ainsi de lier la couleur à la fibre. Le phénomène d’oxydation se produit quand du fer rentre en contact avec l’eau et l’oxygène. Mon mordant peut donc s’auto-générer si le métal est laissé en extérieur.
Dans notre contexte écologique actuelle, prendre conscience de notre rapport aux intempéries est important. Destructrice à outrance, désirée quand absente, la pluie est située ici au centre du processus de création.
Cette étude permet d’attirer l’attention et requestionner notre lien avec cette eau tombée du ciel.
En attendant la pluie…
Une topographie en métal de la Brenne a endossé le rôle de laboratoire à mordancer. Tous les trois jours pendant la résidence, une étole de soie est venue épouser les reliefs de fer et à été soumise aux intempéries. La soie s’est enrouillée en suivant les courbes régionales.
Ce processus a généré quatre cartes textiles devenant des traductions topographiques et pluviométriques de Brenne. Afin de faire ressortir au mieux les variations des reliefs oxydés, les cartes ont été teintes avec des végétaux trouvés in situ.
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La pratique de Jodie Camus a toujours été liée au textile car c’est un médium qui la touche de part sa grande adaptabilité, sa complexité de fabrication et sa transversalité.
La sensibilité que ce médium offre, lui permet de raconter des histoires, des gens, des lieux. Détourner les codes de la teinture végétale en les adaptant, lui permet de « mettre en textiles » les diverses écologies des endroits qu’elle habite.
Elle s’engage à rentrer en contact avec les populations (humaines et non-humaines) et à restituer ces informations à un public de manière sensible.
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Designeuse et artiste teinturière, Jodie Camus se rapproche du design, attirée par les questionnements sociétaux et écologiques qu’induit ce domaine. En se perfectionnant en design textile, elle découvre l’univers de la teinture végétale auquel elle engage sa créativité pour la préservation et la réinvention des techniques liées à ce savoir-faire.
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