Interconnexion·s

Réinventer de nouvelles formes de coexistence ?

Sarah Vozlinsky

Artiste autrice, Vidéaste, Maîtresse de conférence

Discipline de recherche : Environnement, écologie, philosophie, anthropologie, sciences politiques et sociales

Mots-clés : Relations, associations inter-espèces, conditionnement
socio-politique, changement de paradigme

Alors que le conditionnement hégémonique occidental considère l’humain comme supérieur et séparé de la « Nature », celle-ci est réduite au statut de décor composé du reste du vivant. Les vivants qui l’habitent deviennent des objets à gouverner, à posséder, à consommer et à tuer.
Comment réintégrer notre propre environnement et recréer des relations de qualité avec les autres vivants ?
Comment faire l’expérience – à travers notre corps, nos sensations, nos émotions – et réapprivoiser nos sens en lien avec les autres êtres qui partagent notre milieu ?
Comment redéfinir la place et la responsabilité des humains sur la planète ?

Action performative embarquée

Dans la continuité de ses précédentes recherches, Sarah Vozlinsky explore, non sans autodérision, la conscience des interconnexions – y compris indirectes et involontaires – entre humain·es, ainsi qu’avec les autres vivants et explore les conditions nécessaires à la création de liens de qualité.
En réintégrant l’humain·e d’une part sur un étang, du lever au coucher du soleil, dans un silence rythmé par les détonations de chasse, à travers la performance et l’installation vidéo Action performative embarquée, et de l’autre parmi les Espèces Exotiques Envahissantes dans l’installation Drôle d’Espèce, Sarah Vozlinsky soulève la question – à la fois philosophique, politique et pratique – de l’amenuisement de nos relations aux autres vivants et de la responsabilité humaine, ici dans la disparition et la préservation de la biodiversité.
Son travail est souvent une invitation à penser un autre modèle sociétal où nos liens – l’attention à soi et aux autres – et le soin sont valorisés et soutenus par les institutions. Il nous interpelle ici sur la nécessité de transformer la place que se donne l’humain·e au sein du vivant en faisant le choix d’un autre paradigme.

Utilisant les sciences sociales et politiques comme point de départ, Sarah Vozlinsky décompose des dynamiques sociétales, relationnelles, environnementales et socio-économiques où elle interroge la conscience humaine et la possibilité d’opérer d’autres choix.
Sarah Vozlinsky amorce ses projets par une pratique de recueil au sein du contexte de recherche-création (entretiens, images, matériaux, etc.), sur la base desquels ses projets opèrent souvent un décalage à la norme, inscrivant la démarche artistique et poétique en résonnance avec le champ socio-politique pour faire émerger de nouveaux imaginaires sociétaux.
La transformation et l’interrogation sont ici propices à l’adoption de façons d’être au monde concourant à le changer : les propositions de Sarah Vozlinsky sont autant de tentatives de déformatage, par le regard que nous portons et la place que nous nous y donnons, dans les relations de soi à soi, aux autres et à plus grand – en interrogeant la sensibilité au monde tangible et spirituel.
Son travail peut être considéré comme l’exploration, par les arts visuels, d’une quête d’idéal sociétal. Il pose à chaque fois la question de comment vivre le potentiel de l’humain·e dans cette interdépendance de fait au sein du vivant et non vivant.

Artiste plasticienne, Sarah Vozlinsky, explore la conscience humaine des interconnexions dans le monde contemporain. Son travail fait dialoguer image fixe, vidéo, installation et processus relationnels, à travers lesquels elle initie des espace-temps de rencontre et de collaboration. Son approche associe arts visuels et sciences sociales, souvent en collectif, donnant de l’importance à l’empreinte sociétale de l’art en dehors des espaces muséaux.
https://sarahvozlinsky.com