Identités queer et ruralité
Quelle visibilité et quels espaces communautaires pour les personnes LGBTQIA+ à la campagne ?
Julien Bourgain
Artiste auteurice
Disciplines de recherche : Poésie, vidéo, performance
Mots-clés : Queer, espaces communautaires, teuf, fiction, voyage sonore, immersif
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Dans l’imaginaire collectif, le contexte rural entre souvent en opposition avec la possibilité pour les personnes LGBTQIA+ de vivre leurs sexualités et leurs expressions de genre pleinement et librement. Les espaces citadins permettraient davantage aux personnes queer d’évoluer en accord avec leurs identités et ce présupposé induirait donc qu’il y aurait en ville plus d’espaces de rencontre, d’empouvoirement, et de sécurité pour les personnes concernées.
Et pourtant, les personnes issues de la communauté LGBTQIA+ naissent aussi à la campagne, choisissent d’y vivre et valorisent leurs ressources pour contrer cette incompatibilité prédominante entre queer et ruralité. La violence y est effectivement présente, mais l’autogestion, l’auto-organisation et les mises en partage sont nombreuses. Les lieux de rencontres et de partage, de vie en collectivité, d’espaces festifs et de réunion en non-mixité se multiplient.
Malgré ces initiatives, y aurait-il à la campagne plus de queer dans le placard qu’en ville ?
Poppers gratuit pour tout le monde.
Aucun·e grenouil·le n’est dans le placard
J’ai pas envie d’être une grenouille, mais quand même aucune grenouille n’est dans le placard. Personne ne dit que les grenouilles sont des sales gouines ou des gros pd. Les grenouilles elles trempent leurs fesses dans l’eau de l’étang et personne leur dira que c’est des salopes. Elles font ce qu’elles veulent, elles ont pas besoin de se construire un placard pour y enfouir ce que le monde ne veut pas savoir.
Les grenouilles, c’est des lesbiennes.
La nuit elles chantent tranquillement leur musique de lesbienne et personne leur dira que c’est des sales gouines.
Elles ont d’autres problèmes les grenouilles. Il doit sûrement y avoir des conflits entre elles. Pour devenir adulte ça doit être le parcours du combattant pour pas se faire manger par les poissons de l’étang. Ça doit être une galère quand il y a plus d’eau, dans leur étang.
Je dis pas, ça doit être une galère pour traverser la route, pour pas finir écraser par la jeep renagade de Jean-Pierre. Ça doit être une galère pour pas finir dans la soupe d’un petit resto parisien, ou pas se faire manger par le héron du coin. Je dis pas, ça doit quand même être une galère d’être une grenouille, mais au moins aucune d’entre elle n’est dans le placard.
Pourquoi quand la princesse embrasse la grenouille elle se transforme pas en high fem ? Des longs ongles, des talons aiguilles, du gloss repulpant, des jambes longues à te décrocher la mâchoire, et des cheveux longs brillants qui volent au vent. Ou peut être que si on leur avait demandé leur avis et qu’elles avaient pu nous répondre, la grenouille dans la princesse et la grenouille ce serait une butch quechua.
Toutes les grenouilles sont des pd qui prennent du poppers.
Toutes les grenouilles écoutent de la trans.
Aucune grenouille n’est dans le placard. Personne leur dira jamais que c’est des salopes. Alors voilà je le dis, vous êtes des salopes et vous avez de la chance.
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La performance est-elle une fête ?
Envisageant l’art comme une célébration de la vie et la teuf comme un lieu d’émancipation politique et d’expression artistique. Julien Bourgain multiplie les expériences de création à plusieurs, invitant des ami.e.x.s et membres de sa communauté à collaborer valorisant la fluidité et la multiplicité des identités queer. Iel crée des œuvres et des narrations qui invitent à faire communauté dans lesquelles le geste, la parole et souvent l’invisible sont des formes privilégiées.
https://julienbourgain.fr/